La Guérison
Peut-on guérir d’un trouble alimentaire ?
C’est une question qui revient souvent à laquelle je réponds oui : guérir d’un trouble alimentaire est possible.
La guérison peut être partielle ou totale. Beaucoup préfèreront parler de rétablissement ou rémission (le terme guérison s’oppose à la maladie – il appartient au corps médical – et il faut s’entendre sur les critères à prendre en compte.)
Le risque de chronicisation sera d’autant plus grand que le dépistage/repérage précoce et la prise en charge auront été retardés. Malheureusement, il y a beaucoup d’errance et de ruptures dans les parcours.
C’est pourquoi plus vous en parlerez tôt, plus vous vous ferez aider, et plus vous maximiser les chances de vous en sortir ! En cas de trouble avéré un accompagnement médical et psychologique (psychologue et/ou psychiatre quand le traitement est nécessaire) sont indispensables et soutenus par l’accompagnement nutritionnel.
La thérapie que je propose s’inscrit dans une logique d’accompagnement global et holistique des personnes concernées.
Une sorte de consensus existe pour dire qu’au bout de 5 ans sans « rechute » on estime la personne guérie.
Pour citer quelques chiffres, on peut dire que la guérison complète est obtenue dans 60% des cas d’anorexie mentale restrictive et de boulimie, dans 50 à 60% des cas de compulsions alimentaires ou d’anorexie-boulimie…
La guérison est une vision purement médicale du trouble. Il serait plus juste de parler de guérison(S) car si la guérison somatique et psychologique est objectivable, c’est plus compliqué pour la guérison sociale, familiale, etc.
C’est pourquoi je parle plus volontiers de libération dans le sens où la maladie enferme.
La durée pour « s’en sortir » est variable et les TCA sont des pathologies au long court mais il ne faut pas désespérer et se faire accompagner.
La guérison ne survient pas dans la solitude et l’isolement. Les rechutes, elles, font partie du processus de guérison. Et puis on ne rechute jamais vraiment au même endroit…
La guérison est personnelle, propre à chacun.e. Il existe peut-être autant de définition de la guérison que de personnes guéries !
La guérison fait souvent peur, semble impossible (surtout s’il y a eu des échecs de prise en charge auparavant). La notion de rétablissement est intéressante puisque se rétablir c’est un petit pas chaque jour…
Pour les personnes guéries, les critères de bien-être psychologique, d’acceptation de soi et de résilience semblent primordiales. Chaque personne malade pourra identifier les critères qui lui semblent les plus importants afin de vivre une vie qui lui correspond en étant en bonne santé et aussi épanouie que possible.
La guérison pourrait ressemble à :
Être capable de reprendre sa vie en gérant les imprévus avec confiance en soi et en la vie. C’est accepter que le monde soit imprévisible et irréversible…
Qu’on ait pu être maigre et en grande forme avant… et que cela ne sera plus jamais le cas !
Qu’on ait pu être « gros » sans savoir prendre sa place… et être devenu « normal » et être vraiment à sa place.
C’est se revoir sur des photos en étant fier du chemin parcouru et touché par ce que l’on a vécu… touché de tendresse pour soi et non pas de honte !
Être guéri, c’est se sentir bien avec soi-même et ressentir la même empathie pour soi que le thérapeute a pu en avoir pour soi.
Être guéri, cela peut laisser place à de la sérénité là où il y aurait pu avoir de la culpabilité et des regrets.
En résumé :
Cela peut prendre du temps d’admettre que l’on a besoin d’aide pour sortir d’un TCA.
Et cela peut faire peur de quitter ce fonctionnement !
Pour sortir de la lutte il faut déjà accepter de l’être…
Oser parler, oser demander de l’aide et surtout se faire accompagner est indispensable.