Santé mentale : le courage de témoigner publiquement ?

[et_pb_section fb_built= »1″ _builder_version= »4.14.8″ _module_preset= »default » custom_padding= »1px||0px||| » da_disable_devices= »off|off|off » global_colors_info= »{} » da_is_popup= »off » da_exit_intent= »off » da_has_close= »on » da_alt_close= »off » da_dark_close= »off » da_not_modal= »on » da_is_singular= »off » da_with_loader= »off » da_has_shadow= »on »][et_pb_row _builder_version= »4.14.8″ _module_preset= »default » custom_padding= »||0px||| » global_colors_info= »{} »][et_pb_column type= »4_4″ _builder_version= »4.14.8″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »][et_pb_text _builder_version= »4.14.8″ _module_preset= »default » custom_margin= »-28px||||| » custom_padding= »0px||||| » global_colors_info= »{} »]

Faut-il du courage pour témoigner publiquement d’une difficulté psychique actuelle ou passée ?

À en croire les messages que je reçois (merci de vos partages 🙏) il semble que oui !

Si j’ai toujours manié le témoignage des autres avec le plus de précautions possibles – et au fur et à mesure que j’acquérais des connaissances au sujet de la stigmatisation ainsi que de l’auto stigmatisation – il n’en est rien concernant le mien. Quoi que, je vais nuancer…

J’ai toujours livré ce que je voulais bien livrer (dans mes ouvrages je livre un témoignage avec saupoudrage) et je m’adapte si possible au contexte. Ensuite je laisse le cœur et les tripes parler et en principe « ça le fait » comme on dit c’est-à-dire que je « ressens » lorsque cela est juste et bon pour moi de partager une tranche de vie. Jusqu’à présent je n’ai pas eu de trop grosse mauvaise surprise.

Je ne cache pas le fait que le témoignage puisse être à double tranchant. Témoigner cela s’apprend et il faut accepter le fait de déposer noir sur blanc (ou sur les ondes etc) une idée de soi et de son histoire qui est celle de l’instant et qui ne sera plus la même quelques mois après et pour cause : nous ne cessons jamais d’évoluer et de nous découvrir. Je suis loin d’avoir fait le tour de moi-même 🙂 Est-ce que je réécrirais le même livre « L’âme en éveil, le corps en sursis » (paru en 2014) aujourd’hui par exemple ?

Certainement pas.

Est-ce que je regrette cette démarche ?

Non.

Ce témoignage me correspond. Il correspond en tous cas à celle que j’étais en 2014. Alors oui certains restent un peu scotchés à une image mais ce ne sont pas les plus nombreux et dès lors que les neurones se touchent les gens/lecteurs/auditeurs laissent à la personne qui témoigne le droit d’évoluer, grandir, devenir…

Mon histoire était vouée à rester dans le huit-clos familial mais me concernant, en allant mieux, c’est-à-dire sur le chemin du rétablissement, il me semblait « naturel » ou logique de rendre cette expérience « la plus positive possible » et de m’en servir pour transmettre quelque chose…

De l’espoir ?

Je me suis interrogée sur les conséquences de cette démarche (et il y en a toujours) mais cela ne m’a jamais freinée. Les convictions profondes l’emportant sur les éventuelles craintes que je pouvais ou pourrais encore avoir. Pour faire bouger les lignes il faut bien que certain.e.s acceptent de sortir de leur zone de confort et prennent des risques. En cela les pairs-aidants, par leurs prises de parole en public (et je ne parle pas de leur travail au quotidien auprès des pairs-aidés) s’inscrivent dans une démarche authentique et prennent le risque de partager leurs forces mais aussi leurs fragilités.

J’ai déjà écrit sur la pair-aidance et le flou qui règne autour de ce concept pas si nouveau que cela mais je m’interroge surtout sur le phénomène de mode que cette fonction suscite. Pour rappel, ce n’est pas parce que l’on embauche un pair aidant / médiateur de santé pair que l’on fait du rétablissement. Ce n’est pas parce que l’on parle de réhabilitation que l’on fait de la réhab…

J’ai posé cette question au sujet du terme de « pair » sur les réseaux sociaux et la réponse du Dr Seznec m’a paru très juste (même si tous les échanges furent très intéressants !) :

Tout humain qui a pu dépasser sa fragilité, qui a pu l’observer et en apprendre quelque chose est potentiellement un pair aidant. Quel que soit son métier. Par définition, les psychiatres ont su observer leur fragilité d’être humain et sont en quelque sorte des pairs aidants.

Cessons de nous cacher derrière des postures…

Il est bien plus courageux d’oser la fragilité que de laisser cela aux seuls pairs aidants, les seuls à pouvoir vasciller et « c’est normal puisqu’iel souffre de (pathologie) ».

J’admire les autres soignants capables également d’évoquer parfois leurs vulnérabilités. Cela les rend plus humains, vous ne trouvez pas ? Nous sommes des êtres humains c’est-à-dire des êtres émotionnels et profondément sociaux. Mais surtout, nous sommes des êtres humains avant d’être (fonction/métier).

Pour en revenir à ma petite histoire, on m’a parfois fait gentiment remarquer que je n’avais pas conscience de l’effet « boule de neige » provoqué. J’ai été jusqu’à Bruxelles pour témoigner 😌

Je vois bien le nombre de messages ou demandes de mentorat pour faire « pareil » en augmentation. Au départ cela peut surprendre… Je ne pensais pas susciter des vocations mais tant mieux si c’est le cas ! On manque de moyens humains et financiers alors si des personnes de bonnes volonté veulent rejoindre les rangs ne les décourageons pas !

Cyrielle Richard, pour qui j’ai beaucoup de respect, me range dans son livre récemment paru et intitulé « Histoires insolites de la psychiatrie » au rayon de celleux qui ont fait évoluer la psychiatrie ! J’en suis honorée.

Pour moi, si je participe à libérer la parole des soignés ET des soignants alors ce sera une véritable évolution. Et surtout la fin d’un secret de polichinelle dans une période où les soignants vont de plus en plus mal.

Plus de la moitié de nos médecins sont en épuisement ou proche de l’épuisement/burnout…

Le témoignage n’est qu’une partie (un pont, un aller vers autre chose ?) de l’ensemble de ma démarche comme c’est le cas pour beaucoup de pairs aidants. J’ai reçu beaucoup de positif sur ce chemin.

Certains mettent encore en doute le bien fondé d’une telle démarche mais il s’agit principalement d’adeptes de la politique de l’autruche : la psychiatrie, c’est chic ! Il ne faudrait pas que le patient puisse cultiver son esprit critique à l’égard de ce qu’on lui présente et notamment le concept « d’hospitalisation-solution »… Ou bien il s’agit de personnes attachées à une psychiatrie appartenant à un temps révolu : bon nombre de professionnels ont déjà mis à jour leur disque dur.

Nous sommes en 2022 les gens !

Une personne sur quatre (et cela tend vers trois depuis la pandémie) est concernée… Il est temps que l’on parle de sa santé mentale COMME de sa santé physique !!

Il suffit d’un exemple. Quand Stromae fait le buzz au JT en France en faisant tomber le masque et dévoilant ses pensées « souicidaires », Outre-Atlantique c’est quelque chose de fréquent et les stars ou vedettes n’hésitent pas à partager leur vécu pour délivrer des messages de prévention ! La France a du retard et parler de sa santé mentale reste de l’ordre de l’exceptionnel. Cela bouge tout de même et les mentalités changent peu à peu…

En attendant nous sommes nombreux à travailler sur les questions de destigmatisation mais aussi dédramatisation des « troubles psy ». Il est dommage de voir que parfois en un titre de presse ce sont des années de travail qui s’envolent et qu’il faille reprendre le travail de fourmis (on se sert les coudes). Traiter des sujets de santé mentale n’est pas une chose facile. Il convient d’éduquer les médias.

Je ne me pose pas comme modèle. Il m’est arrivé (pas souvent heureusement !) d’avoir des mots malheureux et des messages qui sont mal passés. Le sans faute est difficile et il peut paraître injuste de se voir jeter la pierre au premier mot de travers surtout quand on met autant d’énergie à faire bouger les lignes mais c’est le jeu et gardons en tête que la critique est toujours plus facile que l’action.

Alors oui, à 16 ans je me suis cassé le bras. Triple fracture même : j’ai souffert d’anorexie-boulimie et à l’âge de 25 ans j’ai été traitée comme une délinquante en raison de cette maladie que pas grand monde ne comprend, disons-le.

Mais j’ai aussi fait plein d’autres choses malgré, avec ou grâce à la maladie. 🙂

À 33 ans j’avais le choix. J’étais en CDI et cela se passait plutôt bien au travail. J’ai malgré tout choisi la voie du témoignage et je me suis autorisée à découvrir la santé mentale sous un angle nouveau. J’ai décidé d’en devenir actrice à part entière et je m’en sors plutôt bien.

Pour en revenir à la question initiale…

Selon moi il ne s’agit pas tant d’une question de courage. Souvent, au départ, il s’agit plus d’une stratégie de survie (dans mon cas je pense m’être sauvée d’abord afin de ne pas étouffer sous le poids des secrets et non-dits) cela peut vite devenir une sorte mission-passion. Lorsqu’on est enfin payé pour faire ce que l’on aime faire et que l’on se sent en accord avec ses valeurs c’est une réussite.

Lorsque l’on s’intéresse aux sujets de santé mentale on parle en réalité de nombreux sujets de société et surtout on parle de ce qui nous concerne tous.

Bref, j’hésite encore entre plusieurs formations pour 2023 même si des proches ou amis ne comprennent pas ce besoin 😂

Cela fera peut-être l’objet d’un autre billet sur la supervision et le fait d’être engagé.e dans une démarche de formation continue 😘

Lire aussi : Prise de confiance en conscience

Sabrina Palumbo-Gassner

Coach certifiée praticienne en ACT & Mindfulness, Auteure, Consultante en santé mentale

Membre de l’Association Francophone pour une Science Comportementale et Contextuelle et de l’Association Française de Thérapie Comportementale et Cognitive

Également membre du réseau d’usagers/anciens usagers Experts Psycom

www.corps-et-ame-en-eveil.com

Suivez-moi sur les réseaux :
Twitter
Instagram
Linkedin
Facebook Page professionnelle
Facebook Page auteure

Pensez à vous inscrire à ma Newsletter et recevez dès la rentrée d’autres infos de pleine santé.

[/et_pb_text][/et_pb_column][/et_pb_row][/et_pb_section]