PSYCHO – Cette réflexion s’inspire d’un partage d’une femme médecin psychiatre qui s’interroge au sujet de l’authenticité qui “fait des étincelles de partout“.
L’authenticité peut “choquer” ou blesser. Ce qui semble être une grande qualité humaine peut se retourner contre nous. Les personnes les plus authentiques sont souvent mal comprises…
Nous vivons dans une société qui n’encourage pas le “faire confiance”. Formatés, nous avons le plus souvent tendance à nous méfier des autres et à leur prêter des intentions négatives ou malveillantes à notre égard. “S’il dit cela, c’est parce que…” Et vive les lectures de pensées au passage puisque dans la réalité tant que nous n’avons pas pris le temps de la discussion rien ne nous permet d’affirmer que l’autre a bel et bien une intention cachée ou qu’il cherche à nous faire du mal.
Pourtant, être authentique c’est dire ce que l’on pense sans mettre de “filtre” et une belle âme le fera sans aucune intention mauvaise, aucune once de jugement négatif sur l’autre. Elle cherchera la sincérité bienveillante, cette sincérité pouvant heurter les personnes à fleur de peau et/ou interprétatives.
Pour une personne qui se sent jugée, il est peut-être plus simple d’accuser l’autre, de lui claquer la porte au nez, de mettre fin à la conversation, plutôt que de prendre le temps de discuter ou de laisser décanter ce qui vient d’être dit. Il conviendrait certainement de prendre un peu de recul, analyser, se défaire de ce qui pourrait être un mauvais ressenti ou une interprétation erronée.
Le meilleur “outil” pour cela reste sans doute la communication mais la bonne communication entre humains est difficile !
Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que l’autre croit entendre, ce qu’il entend, ce qu’il croit comprendre, ce qu’il comprend… Le message émis a de fortes chances de différer du message reçu. L’information est codée (ce codage peut-être imprécis). L’information est ensuite parasitée. Le décodage, est éventuellement partiel… Nous le voyons, le traitement de l’information est délicat même lorsqu’il s’agit de communication non violente. Seul un vrai travail de feed-back s’adaptant au langage comme à l’état émotionnel, au contenu et à la relation, permet de s’assurer d’avoir bien compris le message émis. La reformulation pourra être “Si je comprends bien, tu es en colère“.
L’authenticité semble louable pour ceux et celles qui souhaitent surtout être raccord entre ce qu’elles pensent et ce qu’elles disent, sans chercher à parler de façon « calculée ». Mettons de côté les personnes timides ou inhibées dans leur mode de communication et qui ne parviennent pas à dire ce qu’elles aimeraient parfois pouvoir dire…
Etre authentique c’est toutefois s’exposer au rejet des personnes n’aimant pas trop être “bousculées” : “laisse-moi, tu me déranges”. Ces personnes ne sont peut-être pas prêtes au changement ou aptes à la remise en question… Ceci est d’autant plus vrai si elles s’accrochent à des croyances ou si elles ont des habitudes bien ancrées et qu’elles sont le plus souvent caressées « dans le sens du poil ». Alors il est possible que la relation finit par “clasher”.
Il faut parfois laisser passer un peu de temps pour comprendre les raisons du clash et s’apercevoir que l’authenticité qui nous a fortement secoué(e) n’avait d’autre but que de nous faire progresser et provenait en réalité d’une personne aimante et bienveillante à notre égard.
Les conflits peuvent se désamorcer et les clashs peuvent être réparés pour peu que chacune des parties le souhaitent et gardent en tête les valeurs qu’elles partagent. La communication coupée un certain temps finira par être rétablie et la relation pourra repartir forte d’une expérience qui en aura mis la sincérité en lumière.
L’authenticité nous est plus ou moins naturelle mais on peut apprendre à devenir authentique et c’est un beau challenge. Cela demande du courage car il faut dépasser des peurs, celle du “qu’en dira-t-on ?” ou du “comment va-t-il prendre ce que je lui dis ?“. Le fait de ne pas trahir ses ressentis et ses pensées mérite d’étudier la question de développer sa part d’authenticité !
A l’autre bout du message, le récepteur “victime” de l’authenticité de son interlocuteur, pourra également faire preuve de courage en acceptant d’entendre une vérité qui le dérange ou de se voir tendre un miroir qui lui renvoie l’image d’une personne imparfaite pour parler de manière plus imagée. Nous n’aimons pas forcément nous rendre compte que l’image que nous renvoyons n’est pas celle que nous aimerions que les autres aient de nous mais de temps en temps se confronter à cette “réalité” ne fait pas de mal et nous permet d’orienter le travail sur nous de façon à nous rapprocher de notre “moi” idéal.
Si comme le dit notre médecin psychiatre finalement la seule parole claire, limpide, sans malentendus c’est le toucher (plus rassurant, on comprend plus facilement qu’une personne nous prend la main par amour…), je dirais que le mix « cash » et côté tactile (je te tiens la main) me semble parfait pour convaincre l’autre que nous ne lui souhaitons que du bonheur et que son bonheur fera de nous des gens heureux.
Sabrina Palumbo-Gassner
Coach certifiée ACT thérapeute, pair-aidante et secouriste en santé mentale, auteure et consultante
Membre de l’Association Francophone pour une Science Comportementale et Contextuelle
Marraine des associations Solidarité Anorexie Boulimie
Co-créatrice Koala Family
Suivez-moi sur les réseaux :
Lire aussi:
• Comment l’optimisme peut changer votre vie
• Comment réussir sa vie? En voyant la vie de façon positive, pour trois quarts des Français