Je n’avais jamais partagé les mots de Christophe au sujet de mon livre « L’âme en éveil, le corps en sursis » paru en 2014. J’ai été touchée de relire ce retour sur mon premier ouvrage que je porte à votre connaissance : si cela peut donner de l’espoir et encourager à trouver de l’aide…
Je prends enfin le temps de vous écrire quelques mots suite à la lecture de votre livre. Echanger sur les réseaux sociaux est assez nouveau pour moi. Je m’y suis inscrit par curiosité pour suivre certains professionnels avec qui je suis amené à échanger. J’en ai ensuite profité pour élargir mon champ de recherche et consulter les partages d’autres personnes sur des sujets qui m’intéressent dont la psychiatrie, la psychologie et la psychanalyse font partie. C’est ainsi que j’ai découvert vos tweets, puis votre histoire et enfin votre livre.
J’habite en Haute-Savoie dans un village tout près de la frontière Suisse. J’exerce sur Genève depuis maintenant presque 20 ans. J’y suis arrivé pour répondre à un besoin de changement, de nouveautés et bien sûr pour continuer à développer mon activité professionnelle.
J’ai d’abord été intéressé par vos tweets, votre témoignage, puis découvert votre site internet. La 4ème de couverture de votre livre, votre photo et nos quelques échanges ont fini de me convaincre de lire plus en détail votre témoignage.
Je tiens d’abord à vous remercier vivement pour l’écriture de ce livre. Ecrire un livre est accessible à tous. Mais écrire un livre comme vous l’avez fait en y jetant vos tripes, votre vécu, vos ressentis avec tous ces moments à la fois difficiles, intenses et insupportables, constitue un défi que vous avez relevé haut la main. C’est d’abord le titre de votre livre qui m’a attiré, « Le corps en sursis », puis cette photo qui illustre parfaitement son contenu.
Ce qui m’a initialement intéressé dans votre témoignage, c’est le rapport au corps, à la fois physique et psychologique, cette lutte permanente entre des sentiments aussi contradictoires et difficilement compréhensibles, notamment pour les proches, les parents et l’entourage.
Comme vous l’écrivez, « l’anorexie n’est pas un suicide à petit feu ». Et c’est là une immense difficulté pour les proches et les aidants qui ne peuvent traduire autrement l’anorexie dont le principal comportement constaté consiste en un refus de s’alimenter, abstraction faite des motivations.
Personnellement, je traduis l’anorexie comme l’expression d’un conflit inconscient vécu sur le moment et parfois sur la durée comme impossible, insensé, et malheureusement non entendu par les proches ou le personnel médical, ce qu’exprime et revendique très bien votre livre. Comme si les anorexiques devaient avant tout être écouté.e.s et accompagné.e.s dans cette démarche sans être jugé.e.s, tel un fort sentiment de colère n’ayant trouvé pour seule voie d’expression que celle du corps.
En page 88, vous écrivez « les TCA ne sont pas des maladies psychiques mais des réponses émotionnelles liées à un sentiment de menace aggravé par un sentiment de solitude ». Je reste personnellement persuadé que l’anorexie est un moyen trouvé malgré soi pour faire face à cette menace dont l’objet peut certainement différer pour chaque anorexique mais dont le conflit qu’elle engendre est devenu ingérable. A ma connaissance, seule une psychothérapie ou un moyen d’expression corporelle peuvent aider à lever ce conflit, voire même à l’identifier et ainsi rejoindre ce que vous exprimez en page 134 : « je reste persuadée que des thérapies fondées uniquement sur le rapport à la nourriture (…) présentent peu d’intérêt. Les crises ne sont que la partie émergée de l’iceberg (…). »
Le sport semble avoir été votre salut. Cette incroyable résilience également dont votre livre se fait l’écho. Car durant toutes ces années de souffrance, vous semblez avoir été animée d’une force de caractère et d’une volonté à la fois incroyable et admirable. Cette force fut votre bouée et votre issue. Le corps médical vous a certes évité le pire mais vous ne devez votre salut qu’à vous-même. En cela, je vous remercie pour votre témoignage qui montre combien l’anorexie est un mal complexe qui ne témoigne en rien de l’abandon du malade mais plutôt de sa volonté de s’en sortir malgré tout.
Je vous adresse mes meilleures salutations
Christophe (2019)
Plus d’informations sur le livre : L’âme en éveil, le corps en sursis
Sabrina Palumbo-Gassner
Coach certifiée praticienne en ACT, Auteure, Consultante en santé mentale
Membre de l’Association Francophone pour une Science Comportementale et Contextuelle et de l’Association Française de Thérapie Comportementale et Cognitive
Marraine des associations Solidarité Anorexie Boulimie
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